A la demande du CRIFH (Comité Régional Île-de-France Handisport), une formation d’animateur fédéral « Handisport-Santé » (module 1) s’est déroulée au siège de la Fédération à Paris du 15 au 19 novembre dernier. Céline Thonnet, référente régionale Sport-Santé / formation et Samia Enjelvin, élue référente Sport-santé du CRIFH répondent à nos questions…
Pourquoi s’être engagé dans une démarche de formation sport-santé ?
Céline Thonnet : C’est tout nouveau au niveau de l’Ile-de-France d’avoir cette préoccupation de développer le Handisport-santé. Cela fait suite à nos élections fin mars avec justement la nomination de Samia Enjelvin, membre du comité directeur, comme élue référente, il y avait vraiment une volonté de nos élus de se lancer et pour nous, il fallait passer par une formation. C’est la première étape opérationnelle de ce projet sport-santé.
Samia Enjelvin : A la rédaction de notre projet régional, nous avons mis en évidence le sport-santé comme une solution à un besoin identifié au sein de notre mouvement. Nous avons aussi identifié un besoin en moyens humains pour y répondre. Nous avons la chance que notre fédération a mis au point cette formation. Elle répond parfaitement à ce que nous voulions. Cela va nous permettre de constituer notre force vive.
Comment les stagiaires sont venus à cette formation ?
C.T : On avait commencé à écrire un projet régional où on avait ciblé des profils pour cette formation. Pour avoir l’équipe de formateurs nationale, il faut avoir un nombre minimal de stagiaires mais aussi un coup d’avance pour avoir les futurs formateurs puisque le but à terme est de reproduire cette formation. C’était mon objectif personnel en m’engageant dans cette formation de pouvoir organiser de futures formations dans ma région. Les personnes étaient donc déjà sensibilisées sur la question et en attente de la formation
Quels étaient leurs profils ?
C.T : Il y avait des profils divers : des agents de développement notamment du CRIFH, d’un comité départemental, Samia, notre élue référente et moi-même et . Enfin, on avait quelques personnes supplémentaires qui n’appartiennent pas directement au mouvement mais qui étaient concernées par cette question dans le cadre de leur métier mais aussi dans le cadre d’un potentiel rapprochement avec Handisport. Enfin, on a deux personnes extérieures dont une d’une autre région qui se sont greffées sur cette session.
Céline, qu’est-ce que la formation t’a apporté d’abord en tant qu’éducatrice sportive ?
C.T : Déjà, c’était une bonne mise à jour de mes connaissances acquises lors de mes études qui commencent à être loin mais aussi des compléments précis sur la question « comment tester la condition physique des personnes en situation de handicap ? » puisqu’à l’heure actuelle, il n’y a pas vraiment de test scientifique validé donc comment adapter ceux conçus pour le public ordinaire et avoir les premiers retours de ce qui peut se faire sur le terrain. Comment faire du sport-santé avec nos publics Handisport ? Enfin être bien au fait de la démarche Handisport-santé tout simplement pour y ancrer notre projet.
Qu’est-ce que la formation t’a apporté en tant que référente régionale ?
C.T : J’ai à la fois la casquette de référente régionale « sport-santé » et « formation » donc ça m’a doublement apporté !
Cela a été la première étape pour lancer le projet Handisport-santé. Quelque part, on certifie par la formation des éducateurs qui vont pouvoir lancer les premiers programmes donc cela officialise ce tout nouveau projet. Au niveau du projet de formation, c’était notre première action de la nouvelle paralympiade même si ce n’est pas nous qui avons formé mais la fédération. Cela a vraiment lancé une double dynamique.
Samia, qu’est-ce que la formation t’a apporté en tant qu’élue référente ?
S.E : Je me souviens quand j’ai commencé à réfléchir sur la conception de ce projet, je n’avais pas fait la formation. Je me suis approchée de Patricia Vignau puis de Myriam Legras pour avoir des éléments mettant en avant l’importance de la formation dans le projet. Au fur et à mesure qu’on rédigeait le projet, Céline et moi, la formation se dessinait dans ma tête comme une évidence.
Cette formation donne de vrais piliers pour poser le projet. Elle m’ouvre d’autres perspectives avec un horizon large. Elle me permet de comparer les contenus avec d’autres formations de même type qui ciblent le public en situation de handicap, qui se font, ici et là. Elle me semble la mieux adaptée pour répondre au besoin sport-santé si on souhaite cibler le public en situation de handicap avec ou sans maladie chronique. Dans la formation, il y a une partie technique, qui consiste à maitriser la mise en place concrète des séances Handisport-santé. Etant élue bénévole, savoir concrétiser une séance et la budgéter est important. Cependant, je me limite à orienter, ajuster s’il le faut et suivre l’évolution du projet. En aucun cas, je me substitue aux éducateurs salariés.
Quel est votre projet sport-santé en Ile de France ?
Céline Thonnet : Il porte sur un peu plus d’une année puisqu’il a été écrit après les élections de mars 2021 et qu’il va jusqu’à la fin de la saison : juillet-août 2022. Cela passait par cette étape de formation. Il y a aussi une étape préalable qui est la recherche de financements. Comme le projet a été écrit tardivement, on n’avait pas fait les demandes de financements habituels type DVT, etc. Il a fallu aller chercher des fonds privés. On espère lancer les premiers programmes Handisport-santé en Île-de-France à partir du mois de janvier avec une première phase d’expérimentation entre janvier et juin.
Samia Enjelvin : En cette période d’expérimentation, nous visons un premier objectif en matière de partenariat. On va renforcer les liens avec nos partenaires autour du Handisport-santé qui apporte une plus-value et en fédérer de nouveaux avec des structures avec lesquelles, nous n’avions jusque-là, pas trop de liens comme les centres de rééducation
Par ailleurs, un autre objectif est de toucher un public que je nomme « électrons libres » qui souhaite, comme tout le monde, fréquenter les lieux de pratiques sportives de leur quartier avec un projet de remise en forme et la possibilité de s’approprier sa santé et être vraiment un acteur impliqué …
Notre challenge est également de pouvoir travailler avec les municipalités pour répondre à ces besoins en mutualisant nos moyens respectifs par le biais de conventions. Travailler avec les collectivités territoriales n’est pas sans conséquences sur l’inclusion mais le travail de notre comité ne peut que l’encourager et la favoriser. Quelques municipalités ont répondu favorablement mais beaucoup restent encore à convaincre.
Au sein du mouvement, nous travaillerons pour sensibiliser les comités départementaux à la nouvelle culture Handisport-Santé, créer des rencontres et initier les clubs à cette nouvelle approche d’activité physique pour qu’ils puissent, à leur tour, la proposer à leurs sportifs et adhérents. Nous gardons le cap de rendre le réseau régional d’intervention et de coordination fort et efficace.
Comment faîtes-vous pour identifier les publics éloignés de la pratique ?
C.T : Ponctuellement, il y a déjà les premiers diagnostics qui ont été faits, plus ou moins formalisés, dans certains départements. C’est un travail avec les comités départementaux et certaines municipalités qui souhaitent rejoindre notre projet. Ces structures sont sollicitées sur la question, mais fautes de formations, d’éléments, elles sont venues vers nous. L’idée est de mettre du lien entre tous ces interlocuteurs.
S.E : Le fait d’avoir des engagements associatifs divers et variés me permet d’être en permanence connectée à tout ce qui se passe dans le monde sport et handicap. Quand j’ai fait le diagnostic pour ce projet, je me suis basée sur les expériences et les récits des personnes en situation de handicap qu’elles soient sportives ou pas. Les retours de questionnaire sont très utiles aussi. Les rapports de l’ANS ainsi que ceux de l’INSEE, du pôle handicap de Paris, et d’autres documents officiels m’ont bien servi pour mieux argumenter mes orientations en matière sport-santé dans le monde du handicap.
Qu’est-ce que cette formation va apporter au projet de développement du CRIFH ?
C.T : Cela va donner une impulsion. C’était important aussi de repréciser ce qu’est le concept « Handisport-santé » parce que le sport-santé, on en entend beaucoup parler depuis quelques années et tout le monde s’y met. Et là, on remet les choses à plat : pourquoi le mouvement s’y est mis tardivement, à qui on va s’adresser ? Et puis, pour vraiment être sur le terrain, on le redéfinit avec des éléments concrets, je parlais des tests de la condition physique, comment mettre en place un programme ? etc. L’idée est de pouvoir mettre en place directement des séances ou bien d’accompagner les éducateurs qui souhaiteraient le faire.
S.E : Le CRIFH va pouvoir s’appuyer sur ses forces vives (les personnes formées) pour répondre à ce nouveau besoin dans le sport-santé. Par ailleurs, le comité va pouvoir être identifié comme une ressource sport-santé de la fédération (expertise handicap). Et comme déjà évoqué, cette formation ouvre bien d’autres perspectives de développement et de partenariats.
Est-ce que les stagiaires de ce premier module envisagent de participer au 2ème module de formation Handisport-santé ?
C.T : C’est un module, encore en cours de finalisation, qui va proposer la mise en place de programmes ouverts à un public plus large que celui traditionnel à Handisport, notamment les maladies chroniques. Je pense qu’une grande partie des stagiaires y participeront. Ce sera une question de temporalité. Certains sont en attente à assez court terme et d’autres ont besoin d’expérimenter les apports du 1er module avant d’envisager d’aller sur le 2ème module. D’autres n’iront pas car ils ne sont pas intéressés par ces « autres publics ». On espère que le module sera mis en place dès 2022 même si ce ne sera peut-être pas en Île-de-France.
Est-ce qu’il y a d’autres éléments dont vous vouliez parler concernant ce premier module ?
C. T : Juste préciser que c’était une formation qui est très pertinente pour des agents de développement déjà en poste avec une formation STAPS APAS, certes on revoit beaucoup de choses mais on les précise par rapport à nos publics en situation de handicap physique ou sensoriel et il y a des notions supplémentaires qui sont apportées. Ce n’est pas négligeable si on veut avoir un discours commun. Par ailleurs, on nous donne des outils pratiques comme les tests ou le matériel. Enfin, l’accompagnement de l’équipe des formateurs est très appréciable, ils sont très disponibles. C’est un travail commun qui est réalisé grâce à cette action de formation.