Le pôle Expertise-Formation compte une nouvelle recrue

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  • Post published:13 octobre 2022

Depuis le 1er septembre dernier, Frédéric Roeland est venu renforcer l’équipe Expertise-Formation de la FFH. Il s’agit d’un retour à Handisport pour celui qui a accompagné le centre fédéral Handibasket dans ses premières années. Rencontre avec Frédéric…

Comment pourrais-tu te définir ?

Je suis ouvert sur énormément de choses et j’aime l’aspect « autodidacte ». Je suis très curieux, j’aime beaucoup lire, enseigner, expérimenter. Mon investissement personnel est plus que quotidien, je lis beaucoup de documents, visionne des centaines de vidéos sur différentes thématiques : physiologie générale et sportive et méthodologie de l’entraînement notamment. J’aime bien aller expérimenter fouiller, confronter les expériences. J’aime ensuite discuter de ces sujets avec tout le monde, y compris d’autres personnes hors de notre milieu. Ils offrent parfois des ouvertures étonnantes et novatrices.

Quelles sont les grandes étapes de ton parcours professionnel ?

Je suis cadre technique depuis  1997 avec des missions de cadres techniques Conseiller Technique Départemental à Amiens, puis Conseiller Technique Régional basketball à Poitiers jusqu’en 2009. A partir de 2009, j’ai eu quelques missions sur le handicap à la Direction Régionale Jeunesse et Sport (DRJS)de Poitiers. En 2011, je suis arrivé pour la première fois à la FFH pour accompagner le pôle basket fauteuil de 2011 jusqu’en 2016. Ensuite, j’ai été formateur au CREPS d’Aquitaine sur les métiers de la forme. Je suis de retour parmi vous à la FFH depuis le 1er septembre.

Est-ce que tu peux détailler tes expériences dans le domaine de la formation ?

En tant que formateur, de manière très transversale en tant que cadre technique, mon domaine de prédilection est vraiment la physiologie du sport. Sur le domaine du handicap plus particulièrement, j’ai été référent à la DRJS où j’étais plus sur l’accompagnement de projet. Par ailleurs, nous avons construit et mis en place au pôle France basket fauteuil avec Franck Belen et Stéphane Binot, la formation de cadres avec des contenus techniques, physiques et pédagogiques à destination des entraîneurs de basket fauteuil.

Au CREPS de Nouvelle Aquitaine, tu es intervenu sur les formations métiers de la forme sur l’accueil des personnes en situation de handicap ?

De 2017 à 2022 au CREPS de Nouvelle Aquitaine, j’étais principalement intervenant sur la physiologie. Mais j’étais aussi référent Handicap et intervenant pédagogique, j’ai eu des actions plus ciblées sur le handicap avec le CRH Nouvelle Aquitaine, j’intervenais sur le terrain avec eux, de manière très ponctuelle. On accompagnait les projets Brevet Professionnel (BPJEPS), Diplôme d’Etat (DEJEPS) et Diplôme d’Etat Supérieur (DEJEPS) sur les domaines physiologiques en lien avec les référents locaux et les accueils de stage…

Sur quelle autre thématique intervenais-tu en tant que formateur ?

Au CREPS, j’étais un des spécialistes sports collectifs avec mon expérience dans le basket et le basket fauteuil. J’intervenais sur les aspects technico-tactiques. Il existe des logiques d’activités, outre les techniques spécifiques de l’activité qui me permettent d’intervenir sur ce champ.

Quelle est ta vision de la formation ? Quelle est la place de la formation dans le mouvement sportif ?

Un exemple tout d’abord : on m’avait demandé de faire le bilan des actions sur une période de 3 ans quand j’étais cadre technique en Picardie de 1997-2000. Combien de personnes accompagnées? Quel était l’impact des actions sur la pratique ? C’était vraiment très fouillé. Par exemple pour les entraîneurs, qu’est-ce qu’ils font en 2000 ? Quel est l’impact sur leur structure respective ? Leur comité, leur région etc ? Qu’est-ce que cela a développé ?  En un bilan de 3 ans de formation, je me suis rendu compte que la moitié des licenciés du Poitou-Charentes (11 000 à l’époque) étaient outillés pour intervenir sur le terrain.

Je me suis rendu compte que les 2 groupes de personnes qui sont les plus importantes pour développer une pratique, ce sont les dirigeants (c’est important d’avoir des dirigeants cohérents avec une ligne de conduite) et les personnes comme nous, les formateurs. Le fait de développer les connaissances et les compétences des gens touchait pas loin de la moitié des licenciés au final. Ce que tu divulgues comme informations, comme connaissances, ce que tu accompagnes comme compétence, cela a un impact énorme au niveau des pratiques. C’est fondamental, à la fois dans ce qu’il faut faire évidemment mais aussi dans ce qu’il ne faut pas faire.

Il y a une phrase que j’aime beaucoup qui n’est pas de moi : « il est toujours utile de privilégier la cohérence de l’ensemble à la virtuosité du détail ». En clair en remettant en cause un détail, on peux sous-entendre de contredire toute une logique de formation. On se met d’accord sur l’essentiel, en 2022 l’essentiel c’est ça, du coup on est sûr de ne pas se tromper au regard des éléments en 2022.

Ce sont les connaissances scientifiques qui évoluent ?

Ce sont les connaissances scientifiques certes, mais aussi empiriques (par expérience). Une expérience, on s’est dit qu’elle fonctionne, on ne sait pas pourquoi mais ça fonctionne. Puis, on s’est aidé d’une démarche, d’une recherche expérimentale qui confirme que cela fonctionne. Enfin, et c’est la finalité, cette démarche fonctionne mieux mais il peut y avoir plus de risques. Il faut en tenir compte. Cette démarche permet d’arbitrer des méthodes avec des éléments tangibles et expérimentés et c’est intéressant. De manière empirique, on a fait des choses très intéressantes.

A contrario de manière empirique en occultant l’aspect scientifique, on a fait des grosses bêtises aussi, il ne faut pas se le cacher. J’ai enseigné il y a 20 ans que les neurones dépérissaient à partir de l’âge de 20 ans parce que c’est ce que disaient la majorité des scientifiques. Plus tard, on a vu que ça évoluait, maintenant on sait qu’on peut apprendre tout au long de notre vie, on est capable de créer des connexions entre nos neurones et même d’en créer. C’est récent mais c’est reconnu dorénavant. Autre exemple, en basket valide, on faisait ce qu’on appelait « des suicides », on faisait 10 mètres en sprint et on revenait. On courait comme des fous pendant une minute, une minute trente. C’était en fait totalement contre-productif, ça allait à l’encontre de la performance des joueurs. On courait dans des registres qui n’existent pas en basket. C’est un scientifique qui nous a dit d’arrêter ça. Dernier exemple, en tennis, comme les gamins manquaient de technique, on leur disait de servir sans armer le bras derrière la raquette. Du coup, dans les années 90, il y avait un gamin sur trois qui avait un tennis elbow (inflammation au niveau du coude) car ce type de service impactait le coude. Si tu armes le bras, le choc se répartit au niveau du poignet, du coude et de l’épaule. C’était fait avec une volonté de progression technique mais cette technique allait au détriment de la santé du joueur.

Il faut connaitre l’idée qui fait consensus à un moment T, c’est pour cela que je lis beaucoup car on est très surpris du nombre de dogmes qui ont existé dans plein de domaines dans le milieu sportif et de manière générale.

Rédaction : J.Michel